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 DANS LES MUSÉES

Fauteuil de bureau Louis XV en bois sculpté

Fauteuil de bureau en bois sculpté et peint toutes faces, dans le goût rocaille.

Wrightsman Collection.
Provenance :  Galerie Kraemer
Metropolitan Museum of Art, New York.

En savoir plus :  LA VOGUE DU ROCAILLE DANS LE MOBILIER

Fauteuil de bureau Époque Louis XV Fauteuil de bureau en bois sculpté et peint toutes faces, dans le goût rocaille.

LA VOGUE DU ROCAILLE DANS LE MOBILIER DU XVIIIe SIÈCLE.

Le menuisier qui a confectionné ce fauteuil est largement venu puiser dans le style rocaille alors très en vogue au milieu de XVIIIe siècle, connaissant son âge d’or sous le règne de Louis XV. Ce style s’exprime dans les pieds et la ceinture en bois sculpté et mouluré.

 

Histoire du siège

Le siège est l’un des éléments essentiels du mobilier. A la tête d’une grande famille, il inclut toutes les variantes des chaises et des fauteuils : chaise voyeuse, prie-Dieu, ployant, fauteuil de bureau …

Le siège reflète de nombreux symboles : il se caractérise par son individualité, c’est un meuble personnel qui traduit les coutumes et la position sociale de son occupant. C’est un reflet de l’évolution de la société et de la recherche constante de confort. Depuis le Moyen Age, les sièges sont soumis à l’étiquette mais le XVIIIe siècle marque une révolution avec la culture de la conversation et des salons que tenaient les dames.

Pierre Verlet distingue trois catégories de meubles : « le meuble de chambre », « le meuble de cabinet », et « le meuble d’antichambre ». A chaque catégorie correspond une typologie de sièges. Au sein des différentes pièces, les meubles peuvent être « meublant » c’est-à-dire décoratifs ou « courant » qui pouvaient être déplacés facilement.

La confection des sièges est à la charge du menuisier qui constitue sa spécialité. Il était cependant courant que la réalisation des décors soit confiée à un sculpteur.


Le style rocaille

À la mort du roi Soleil s’ouvre le XVIIIe siècle et la régence de Philippe d’Orléans. Une révolution s’entame dans les arts décoratifs et ces huit années de Régence posent les bases de ce qui va devenir le style Louis XV.

Les lignes se courbent, les pieds se galbent, tout s’arrondit et les angles vifs disparaissent. Le chantournement se développe à partir des années 1730 et les ébénistes se servent des moulures pour dissimuler les sections de raccordement des différentes parties. C’est à cette même période qu’apparaît le style rocaille, notamment popularisé par Slodtz, Oppenordt, et Pineau. L’asymétrie devient le maître mot, faisant la part belle aux coquilles et cartouches tourmentées.

Sur les meubles les plus riches, les sculptures envahissent toutes les traverses et les montants de bois qui sont dorénavant apparentes. Les menuisiers et ébénistes inventent de nouvelles formes, jouent avec l’équilibre des masses avec fantaisie et irrégularité. De plus, les sièges pouvaient être peints, les fleurs et les feuilles sculptées étaient rehaussées par des couleurs laquées.

Dès 1740, l’exubérance rocaille s’assagit peu à peu et laisse place à plus de sobriété dans les motifs. Celle-ci gagne de l’ampleur pour ne conserver que les moulures. C’est à cette même époque qu’apparaissent les fauteuils de bureau parmi les meubles de cabinet.

 

 

Un fauteuil comme un témoignage de son époque

Ce fauteuil de bureau repose sur quatre pieds galbés disposés en losange aux angles axiaux de l’assise. Les pieds sont reliés entre eux par une ceinture chantournée. Ils s’affinent progressivement et se terminent par une volute. Le bois est ici richement travaillé, orné de coquilles, de fleurettes et de feuillages rocailles.

Le dossier en demi-cercle se prolonge pour former les accotoirs. Il est entièrement recouvert de velours et ne laisse pas le bois apparent.

Nous devons cette forme de fauteuil a un ensemble de menuisiers parmi lesquels probablement Etienne Meunier. Cette saillie au centre du siège permet à la personne assise d’éviter les fourmillements dans les jambes du fait de sa position inclinée en avant.

Cette forme persiste au fil du temps et est notamment louée par Roubo en 1770 : « parce que les cuisses de ceux qui écrivent, et en cette occasion se trouvent écartées, portent également partout et ne sont blessés par le devant de la traverse de la ceinture ».


Un fauteuil de bureau pour le MET

Ce fauteuil d’époque Louis XV fait partie du mobilier que le couple Wrightsman légua au Metropolitan Museum of Art de New York.

Charles et Jayne Wrightsman sont aujourd’hui indissociables du célèbre musée américain par leur générosité. Passionnés d’histoire de l’art, ils rassemblent une collection exceptionnelle de mobilier, objets d’art, et tableaux de toutes époques. Dans leurs achats, ils sont conseillés par les conservateurs des plus grands musées au monde comme Pierre Verlet du Louvre ou encore Francis Watson de la Wallace Collection de Londres.

Le couple commence à faire don au Metropolitan de leur vivant, enrichissant alors petit à petit les collections. A sa mort, Jayne Wrightsman complètera ces dons d’un leg exceptionnel de 375 œuvres d’art et près de 80 millions de dollars au fonds Wrightsman soutenant les acquisitions d’œuvres d’art d’Europe occidentale et de Grande-Bretagne.