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DANS LES MUSÉES

Grand cartel d’applique – Époque Louis XVI

Grand cartel d’applique en bronze ciselé, doré et patiné,

à décor d’amours dont l’un souffle dans la trompette de la Renommée. Début de l’époque Louis XVI.
Cadran signé BECKERS. Circa 1765-1770.

Donation Grog Carven,
Musée du Louvre, Paris.

En savoir plus : L’HEURE DU RÈGNE DE LOUIS XVI

Grand cartel d'applique en bronze ciselé

L’HEURE DU RÈGNE DE LOUIS XVI

Ce grand cartel a été conçu dans le pur style néoclassique, typique du début d’époque Louis XVI et démontre la qualité de la production d’alors.
Il a été acquis par le couple Grog Carven qui en a fait don au Louvre par la suite.

Les cartels

Les cartels sont des horloges destinées à être accrochées au mur. Ils se terminent généralement par un cul de lampe plus au moins ouvragé. Ils couvrent tout le XVIIIe siècle et même les siècles suivants. Les horlogers ont inventé une variante du cartel que l’on nomme cartel d’alcôve : de plus petites dimensions, ils étaient généralement placés dans les chambres, près des lits et sonnaient l’heure grâce à un système de tirette. On pouvait connaître les heures et les quarts d’heure.

Les cartels les plus exubérants sont créés sous le règne de Louis XV où les bronziers redoublent d’inventivité afin de traduire dans le métal le vocabulaire rocaille alors très en vogue.

L’imposant cartel de la Renommée

Ce cartel est imposant tant par sa qualité que par ses dimensions : il mesure 100 cm de hauteur sur 55 de largeur. Tout de bronze, son cadran émaillé est signé « Beckers à Paris ». Les amours sont mis en valeur par l’utilisation de bronze patiné : le premier se trouve au sommet du cartel, soufflant dans une trompette parmi les nuées symbolisant alors la Renommée, et le second est représenté en équilibre dans le vide en dessous du cadran.

Le bronzier développe une véritable narration et insère une tension dramatique en figurant l’amour en difficulté. Il laisse alors libre cours à notre imagination et permet au spectateur de décider de la suite de la situation.

Depuis les nuées, s’échappent deux larges chutes de feuilles de chêne ornées de glands, retombant tels des passementeries. Le cadran est encadré de ces mêmes feuilles de chêne disposées en guirlandes et se rejoignant au centre du cartel. Le cartel se termine par un cul de lampe ouvragé. Hormis les personnages, l’ensemble est en bronze finement ciselé et doré.

Il est également possible d’admirer le travail d’une extrême finesse développé pour la réalisation des aiguilles du cadran. Nous sommes face à un véritable travail d’orfèvre. Le décor de ce cartel est en accord total avec le répertoire décoratif en vogue au début de l’ère néoclassique. L’horloger développe les motifs de piastres, rosaces, triglyphes, feuilles d’acanthe et de chêne.

Un cartel d’applique similaire est conservé à la Wallace Collection. Il est quant à lui signé par Michel Stollenwerck.


L’allégorie de la Renommée

La renommée est une allégorie généralement figurée par une femme ailée, vêtue d’un voile et soufflant dans une trompette. Elle peut porter plusieurs noms notamment Fama chez les Romains. Ici elle est symbolisée par un amour ailé.

Dans la mythologie, la Renommée est une divinité, fille de Gaïa et messagère de Zeus. Elle a été énormément représentée dans les arts, en peinture et en sculpture. Elle est immortalisée par Domenico Guidi en marbre pour le château de Versailles, par Romanelli et Charles Le Brun en dessin. Très prisée, la Renommée sera également représentée sur les pièces de monnaie. Elle orne de nombreux monuments d’architecture parisiens tels que le pont Alexandre III et l’Arc de Triomphe du Carrousel. Les bronziers s’empareront également de cette figure : André-Charles Boulle la représentera au sommet de l’un de ses lustres, assise sur un globe soufflant dans une trompette, ou encore Louis-Isidore Choiselat qui réalise vers 1821 une paire de candélabres où la Renommée soutient les bras de lumière. Ces deux œuvres sont conservées au musée du Louvre.

Beckers, horloger à Paris

Il pourrait s’agir de Jean François Beckaert ou de Antoine Becker. Ce dernier s’illustre comme l’un des horlogers les plus renommés du début du règne de Louis XVI. Il est fait maître le 21 mai 1775 et s’installe rue des Cordeliers puis rue Guénégaud à Paris.

 

Grog Carven

Ce grand cartel d’applique en bronze doré et patiné nous démontre une fois de plus le goût raffiné des époux Grog et Carven qui rassemblent l’une des plus importantes collections de mobilier et objets d’art du XVIIIe siècle. Marie-Louise Carven née Carmen de Tomaso à la tête de sa propre maison de haute couture et René Grog, chef d’entreprise suisse développent un collectionnisme orienté vers les arts du XVIIIe siècle et d’Extrême-Orient.

Ils ont fait don sous réserve d’usufruit de l’essentiel de leur collection au musée du Louvre en 1973. Ce n’est cependant qu’à partir de 1989 que Mme Carven commence à se détacher de certaines pièces. Parmi les pièces d’horlogerie notables, il est possible de nommer une pendule de cartonnier de Baumhauer, une pendule-vase de la Manufacture de Niderviller et un cartel d’applique de Cressent. Leur goût pour l’horlogerie était très éclectique.