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Miroir de table – Époque Louis XIV

Miroir de table en marqueterie de Boulle, orné de bronzes ciselés et dorés.

Provenance : Galerie Kraemer
Metropolitan Museum of Art, New York.

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Miroir de table – Époque Louis XIV Miroir de table en marqueterie de Boulle, orné de bronzes ciselés et dorés.

LE REFLET DU RÈGNE DU ROI SOLEIL

Cet imposant miroir de table est un rare exemple du genre de par sa riche ornementation. Réalisé en marqueterie de Boulle à la fin du règne de Louis XIV, il faisait partie de la collection Wrightsman.

 

Le développement des miroirs

De nos jours, les miroirs sont des objets de la vie courante, qu’il est facile de se procurer. La réalité était toute autre au XVIIIe siècle. La démocratisation des miroirs ne s’observe qu’à partir de la Révolution française. A cette date, les miroirs se trouvent dans moins d’un tiers des foyers français d’après les inventaires après décès. De plus, leur présence est majoritaire dans les grandes villes, alors qu’ils restent encore inconnus des populations rurales.

Les miroirs sont de petites dimensions et proviennent probablement d’Allemagne pour la majorité d’entre eux. Ils ne sont cependant pas d’aussi bonne qualité que ceux que nous connaissons car des témoignages de l’époque insistent sur leur apparence verdâtre. Leurs propriétés réflectives sont également moindres.

Ils apparaissent tout d’abord au sein des nécessaires de toilette puis se répandent dans la décoration d’intérieur. Sur la base de l’invention des maîtres verriers de Murano, les artisans français réussissent à confectionner des miroirs de très grandes dimensions sous le règne de Louis XIV.

 

La technique d’André-Charles Boulle

Ce miroir d’époque Louis XIV présente l’une des marqueteries les plus célèbres du mobilier français. Il s’agit de la marqueterie Boulle, technique d’ornementation perfectionnée par l’ébéniste du même nom sous le règne du Roi Soleil.

Boulle nait en 1642 à Paris d’un père menuisier d’art. Il s’installe en 1664 comme ouvrier libre et c’est en 1672 qu’il est recommandé par Colbert auprès de Louis XIV qui lui obtient alors un atelier aux galeries du Louvre. Il fait ainsi partie des ouvriers privilégiés de la Couronne et est nommé « premier ébéniste du Roi ». Grâce à ce privilège, il est autorisé à modeler, fondre et ciseler ses bronzes par lui-même.

André-Charles Boulle est renommé pour avoir perfectionné la technique de la marqueterie alliant écaille de tortue et éléments métalliques à qui il donne son nom. Il n’a cependant pas été le premier à pratiquer cette technique. Citons notamment Auburtin Gaudron qui succède à Pierre Gole au service de la cour de France.

Une gravure retrouvée d’André-Charles Boulle représentant un miroir similaire permet de soumettre une attribution à ce dernier. De plus, un miroir aux caractéristiques semblables apparaît dans une œuvre de Jean-Marc Nattier représentant Madame Marsollier et sa fille datant de 1749.

 

 Le bronze en majesté

Ce miroir est exceptionnel par la riche ornementation qu’il développe. Il repose sur deux pattes de lion stylisées naissant de feuilles d’acanthe qui enrobent les angles inférieurs. Les angles supérieurs sont quant à eux protégés par un délicat enroulement d’autres feuilles d’acanthe. Le miroir est orné de deux masques de femmes symétriquement disposés au centre. Le périmètre de l’objet est délimité par un cordage et la glace est entourée d’une frise stylisée.

Ce miroir est un réel chef d’œuvre tant dans la qualité des bronzes que par la finesse de la marqueterie. Ici, tout n’est que symétrie, ordre et précision dans le placement des ornementations.

 

 

La collection Wrightsman

Charles et Jayne Wrightsman font partie des plus généreux donateurs du Metropolitan Museum of Art de New York.

Charles Wrightsman, industriel du pétrole, se marie avec Jayne Larkin en 1944 suite à un premier mariage. Jayne est une grande passionnée d’histoire de l’art et acquiert une grande connaissance en peinture ancienne. Dans leurs achats successifs, les époux sont conseillés par Francis Watson, conservateur à la Wallace Collection de Londres, John Pope-Hennessy et Everett Fahy du Metropolitan ainsi que par Pierre Verlet du musée du Louvre, grand spécialiste du mobilier français.

Ils font tout d’abord l’acquisition des Deux jeunes paysannes de Pissarro en 1952 puis de l’Etude d’une jeune femme de Vermeer en 1955. Leur collection s’enrichit ensuite des œuvres de Tiepolo, de Troy, Guerchin, Canaletto et d’autres grands noms de la peinture. Grâce à cette passion pour la peinture, Jayne Wrightsman devient une collectionneuse avertie des arts décoratifs européens de l’Ancien Régime.

Le couple Wrightsman contribue également à la politique d’achat des musées et notamment le MET qu’ils soutiennent, aux côtés d’autres collectionneurs, afin d’acquérir des pièces de maîtres.

Cette générosité mène Charles à devenir administrateur du musée puis administrateur émérite en 1975. Quant à Jayne Wrightsman, elle est élue bienfaitrice en 1963 et intègre le comité d’administration en 1975. Elle devient ensuite membre puis présidente du comité d’acquisition du musée.

 

A sa mort, Jayne Wrightsman réalise un leg exceptionnel de 375 œuvres et 80 millions de dollars au musée, comprenant peintures, sculptures, dessins, mobilier, objets d’art, et livres rares, parmi lesquels cet exceptionnel miroir. En tout, le couple a fait don au MET de plus de 1 275 œuvres d’art.