Karl Lagerfeld à côté du paravent de Pâris de Montmartel, provenant de la Galerie Kraemer.
Histoires de Collectionneurs
« Pour le XVIIIe siècle de grande qualité,
la Galerie Kraemer est ma préférée »
Karl Lagerfeld
La Mode et l’Art !
Le rapport entre l’Art et la Mode existe depuis toujours, mais spécifiquement depuis le milieu du 20e siècle lorsque certains couturiers ont commencé à s’inspirer d’œuvres d’art majeures. Il n’est pas rare que de grands noms de la mode soient proches ou collaborent avec de prestigieux artistes, comme Cocteau et Chanel par exemple, ou plus récemment Vuitton et Jeff Koons.
Karl Lagerfeld, un grand amateur du XVIIIe siècle.
Le célèbre styliste était un passionné de décoration : une autre façon d’exprimer sa créativité.
Dans ses multiples demeures, qu’il décorait avec un style unique, il aimait expérimenter, collectionnant des œuvres d’art allant des meubles Art Déco jusqu’au mobilier exceptionnel du XVIIIe siècle.
Et pour le XVIIIe siècle, Karl aimait se rendre régulièrement à la Galerie Kraemer.
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C’est Patrick Hourcade, artiste, directeur artistique et ami de Karl Lagerfeld qui en parle le mieux :
« On entrait avec Karl Lagerfeld, dans l’hôtel particulier de la rue de Monceau, avec à chaque fois une impatience parfaitement dissimulée… Kraemer, un univers, un monde de curiosités, où les trésors côtoient l’inattendu. Comme me disait Karl, chez les Kraemer, il y a toujours quelque chose à voir ».
Karl Lagerfeld se procura notamment à la Galerie un très beau paravent en bois richement sculpté et doré ayant appartenu au financier de la cour, sous la Régence et Louis XV, Jean Pâris de Montmartel. Ainsi qu’un écran de cheminée d’époque Louis XVI.
Paravent de Pâris de Montmartel,
acquis à la Galerie Kraemer, par Karl Lagerfeld.
Pâris de Montmartel était le cadet de cinq frères qui étaient tous financiers.
Parrain en 1721 de la toute jeune Jeanne Poisson, future marquise de Pompadour, il devient garde du trésor royal et conseiller d’État ainsi que banquier de la cour.
Travailleur acharné, jouissant d’une réputation irréprochable, Paris de Montmartel acquiert le Château de Brunoy. De ses trois unions il n’aura qu’un seul enfant, le fantasque marquis de Brunoy.
Le paravent acquis par Karl Lagerfeld apparaît sur une gravure représentant Pâris de Montmartel dans son grand bureau parisien, gravée par Cathelin en 1775 à partir d’un portrait réalisé par Latour et d’un dessin de Cochin fils.
Le XVIIIe siècle, une période d’excellence de l’esprit français
« Morphologiquement, je ne trouve rien de mieux conçu pour le corps humain que les sièges du XVIIIe siècle français. On peut vivre et vieillir avec eux sereinement. Leur esprit reste pourtant ce qu’il y a de plus jeune. Ils sont spirituels comme les conversations qu’ils ont dû entendre dans leur jeunesse. Rien ne représente mieux l’âme de tout un siècle qu’un siège en bois sculpté du XVIIIe siècle français ».
Karl Lagerfeld.
Le couturier était plus précisément fasciné par une période : le néoclassicisme, qui apparaît entre Louis XV et Louis XVI, avec ses formes dépouillées et architecturées et son inspiration antique. Des personnalités de l’époque, comme Madame de Pompadour ou son frère le marquis de Marigny (qui était directeur général des Bâtiments du roi) sont les influenceurs de cette mode auprès de leurs contemporains. Karl Lagerfeld en avait fait également ses inspirateurs pour choisir ses acquisitions.
Karl Lagerfeld avait aussi coutume de dire :
« le XVIIIe siècle français, fait d’exubérance, de jeunesse, de mesure et d’harmonie, représente la vie telle qu’elle mérite d’être vécue ».
(Source lesechos.fr)